L'Académie nationale de Metz s'ouvre régulièrement au public chaque année lors de la séance solennelle qui se déroule traditionnellement dans les salons de l'hôtel de ville de Metz. Celle-ci se partage entre le discours du président, la conférence d'un invité d'honneur, la relation des activités de l'année académique et la remise de prix littéraires, juridiques, scientifiques, artistiques et de mérite. Chèques ou médailles accompagnent les diplômes distribués. L'Académie peut, certes, honorer des personnes ou des associations déjà distinguées par ailleurs, mais, dans une perspective de dynamisation de la vie culturelle et sociale régionale, son action vise plutôt à sortir de l'ombre talents et mérites. Modestement mais sûrement, chaque personne ou chaque association distinguée reçoit à cette occasion un message de gratitude et d'encouragement. Les prix de mérite remplacent aujourd'hui les prix de vertu. Altruisme et générosité du cœur en sont les maîtres mots.
Quelques prix portent des noms particuliers, ils pérennisent le souvenir de généreux donateurs.
Léon Emile Victor Chabot, dit Chabot-Didon, décédé le 11 septembre 1925, fit de l'Académie sa légataire universelle. Ce Parisien avait vu le jour en 1877, était entré à l'Ecole commerciale de Vincennes en 1894 et avait suivi les cours de l'Institut commercial de Paris (la future HEC). A l'âge de vingt ans, il partit pour l'Indochine. A son retour en France en 1903, il se fixa à Paris. Homme d'affaires fortuné, il conserva toujours un goût très vif pour les activités intellectuelles. Ses carnets montrent qu'il était animé d'une imagination bouillonnante. Parmi ses projets, il envisagea de regrouper les Lorrains de Paris et de créer une Fondation lotharingiste. Durant toute sa vie, lui qui se considérait comme un « exilé » à Paris, resta viscéralement attaché au Pays messin, d'où était originaire sa famille paternelle.
Dans son testament en faveur de l'Académie qu'il rédigea le 5 août 1914, il stipulait qu'il ne deviendrait exécutoire que si Metz redevenait française à l'issue de la guerre qui commençait et à condition que l'Académie publie une bibliographie de la lorraine.
Pour honorer la mémoire de son généreux donateur, l'Académie institua un prix à son nom qui fut attribué entre 1928 et 1933. En 1996, il fut décidé de rétablir le prix Chabot-Didon, qui distingue tous les deux ans une personnalité ou une association dont le renom et les activités honorent notre région.
Emile Hinzelin, né à Nancy en 1857, se fit connaître à Paris par sa plume d'écrivain et de journaliste. Il était de ceux qui, au début du XXe siècle, attendaient avec impatience le retour de l'Alsace et de la Lorraine dans le giron de la France. Bien que les horreurs de la guerre l'aient profondément ébranlé, il la considéra comme un mal inéluctable, dicté par le droit. Et à partir de 1918, il ne cessa de rendre hommage à l'héroïsme des soldats et à la science de leurs chefs.
En 1945, sa veuve décida de perpétuer son souvenir en versant à l'Académie, dont il était membre d'honneur depuis 1925, un capital de 40 000 francs, à charge pour elle de récompenser chaque année une publication à caractère patriotique. Cette orientation, délibérément liée à la notion de revanche, s'est érodée avec le temps et le prix Hinzelin récompense aujourd'hui des travaux d'histoire à caractère régional.
À sa mort survenue à Nice en 1872, le docteur Herpin a laissé une imposante bibliographie de ses œuvres imprimées relevant de domaines très variés, tels que l'économie rurale et domestique, la médecine, l'hygiène, la météorologie et l'agronomie. Jean-Charles Herpin était né le 7 avril 1798 à Metz, en Fournirue, où son père tenait un commerce de draps. Mais dès 1823, il partit à Paris pour y poursuivre des études de médecine et devint Parisien. Il partagea sa vie entre la diffusion de l'éducation sanitaire et l'organisation de grandes enquêtes sur la santé, l'agriculture et la nature.
Le hasard avait voulu qu'il soit entré très jeune à l'Académie. Il en avait même accepté le secrétariat quand son départ à Paris l'empêcha de poursuivre son mandat de cinq ans. Quoi qu'il en soit, il voua tout au long de sa vie une grande fidélité à l'Académie. Il décida en 1871 de la doter d'une rente de 200 francs pour récompenser tous les quatre ans un travail d'intérêt spécial.
La famille Vever faisait partie des grandes familles d'orfèvres français du XIXe siècle. Mais elle n'oublia pas ses origines et se souvint de son ancêtre, un enfant orphelin du début du siècle qui avait eu la chance d'être placé en apprentissage à Metz chez un joaillier qui lui fit partager ses talents. Le développement des affaires le conduisit de Metz à Paris où il tint boutique rue de la Paix.
En 1926, Henri Vever, bijoutier et artiste de grande renommée, décida de faire un don de 10 000 francs en faveur de l'Académie nationale de Metz dont il était membre honoraire, en souvenir des origines messines de sa famille. Sa générosité s'assortit d'une exigence : il demanda que l'Académie distingue chaque année un jeune apprenti, artisan ou ouvrier d'art originaire de la Moselle.
Le nom de Ladoucette renvoie à une lignée de notables messins issus d'un aïeul médecin au XVIIIè siècle. La famille fut anoblie sous le Premier Empire et Charles de Ladoucette, fils de préfet, représenta la Moselle à l'Assemblée Législative au milieu du XIXè siècle. Président du conseil général de la Moselle pendant de nombreuses années, il demeura sénateur de 1852 jusqu'à son décès survenu en 1869. L'homme occupait, en outre, une place au Conseil d'Etat et devint maire du 8è arrondissement de Paris en 1867. Il se plaisait aussi à écrire des fables dans ses moments de loisirs.
Alors qu'il mourut sans héritier direct, sa fille unique l'ayant précédé dans la tombe, il plaça l'Académie, dont il était membre correspondant depuis 1844, parmi ses légataires. Cette générosité s'assortit pour l'Académie d'un engagement, celui d'encourager et de récompenser des actes de charité et de dévouement. La succession n'était pas réglée quand la guerre de 1870 éclata et ce n'est finalement qu'en 1886 que l'Académie put recevoir ce legs.
Le prix Bouchotte renvoie au colonel Charles Jean-Baptiste Bouchotte, né le 4 novembre 1770. Ce neveu de Pilâtre de Rozier entra à l'école militaire de Châlons-sur-Marne où il se prépara à une carrière d'officier, qu'il conduisit à la tête des armées révolutionnaires puis impériales. Il n'avait que 45 ans en 1815 quand il choisit de prendre sa retraite de colonel d'artillerie et de se fixer à Metz. Il y mena une vie de notable estimé de ses concitoyens et s'engagea dans la politique : il fut successivement conseiller général de la Moselle, député en 1830 et conseiller municipal de Metz. Promu membre titulaire de l'Académie en 1825, il se plut alors à exposer devant ses confrères ses dernières découvertes en agronomie et à leur faire partager sa nouvelle passion. Il s'efforça de diffuser des observations destinées à améliorer la culture de la vigne. En 1823, il se lança dans la greffe de châtaigniers nains d'Amérique sur des châtaigniers communs en vue d'obtenir des châtaignes comestibles de qualité.
Le colonel Bouchotte, qui mourut le 25 janvier 1852, était l'oncle d'Emile Jean-Didier Bouchotte, maire de Metz en 1830. Il avait décidé par acte du 2 novembre 1829 de léguer à l'Académie les sommes que devait lui verser l'Etat au titre de la Légion d'honneur. En contrepartie, cette dernière devait distribuer des prix d'encouragement à l'agriculture, à l'industrie et à l'enseignement primaire. Les lois prises sous la Seconde république firent tomber les exigences liées à l'enseignement primaire.
Mademoiselle Charlotte Françoise Bouchotte (1814-1891), fille du colonel Charles Jean-Baptiste Bouchotte, vécut à Metz au 4 bis de la rue du Pont Saint-Marcel, à une époque où les femmes étaient exclues de l'Académie.
Demeurée célibataire, elle décida de léguer à l'Académie la somme de 8000 Marks pour financer un prix de vertu « à l'instar du prix Monthyon », du nom du baron qui fonda à Paris en 1782 les premiers prix de vertu décernés par l'Académie française.
Jean-François Pêcheur, né le 3 novembre 1833 et décédé à Metz le 14 janvier 1893, a traversé la vie de manière très discrète. Ancien notaire, nommé secrétaire en chef de la mairie de Metz en 1874 sous le mandat de Paul Bezançon, il conserva ces fonctions lorsque ce dernier, jugé trop francophone, fut remplacé par un administrateur allemand. Aux élections de 1886, les anciens messins perdirent la majorité au conseil municipal. Pécheur démissionna et sollicita sa mise à la retraite.
En 1892, il légua à l'Académie, dépositaire de la culture et de la langue françaises, 20 obligations de chemin de fer PLM et 60 obligations de la Société des Chemins de Fer de l'Est, soit un legs considérable.
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